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L’Usine invisible | « Un modèle économique efficace et efficient » : 172 000 masques en tissus pour les collectivités

Ils font le territoire
Publié le 23/07/2020
L’Usine invisible
Meriem Hammi, Gwenn Suanez, Delphine Barré et Anne Morice, quatre couturières professionnelles et une coordinatrice événementielle, ont créé l'Usine Invisible pour répondre au besoin immédiat en masques de protection en tissu. En pleine crise du COVID, fédérant plus de 200 couturiers et couturières du territoire, elles ont inventé un modèle économiquement viable et vertueux, au succès avéré.

Qu’est-ce que l’Usine invisible et comment est-elle née ?

Delphine Barré et Meriem Hammi : Pendant le confinement, la pénurie de masques a obligé certains à en coudre par eux-mêmes. Notre projet est né de la limite du bénévolat et de l’importance de sécuriser la production de masques à grande échelle. Il fallait inventer une solution innovante pour répondre au besoin en masques tout en rémunérant à leur juste valeur les couturières et couturiers. Le territoire dispose des talents et des compétences nécessaires : nous les avons mobilisées en créant un réseau, organisé et sécurisé. L’Usine invisible est une coopérative éphémère portée par le Cric (coopérative régionale) et les valeurs de l'Economie Sociale et Solidaire.

Deux mois après le lancement de l’Usine Invisible, vous comptez plus de 200 couturières. Comment avez-vous réussi à les fédérer ?

Nous avons beaucoup fonctionné avec les réseaux sociaux, notamment Facebook, puisque le démarrage s’est fait pendant le confinement, donc tout à distance ! Notre initiative a aussi été relayée par la presse locale qui a diffusé notre manifeste. Nous avons été surprises par l’ampleur de la réaction : nous avons arrêté de compter au-delà des 2 000 candidatures que l’on a reçues ! Dont 1 200 couturières amateures, et 800 professionnelles.

Que propose l’Usine invisible aux couturier.es qui participent ?

Nous leur acheminons des kits de masques prêts à coudre, via les plateformes logistiques en partenariat avec les collectivités locales. Nous leur mettons à disposition des supports pédagogiques : photos, textes, vidéos, tutoriels, etc. Les couturières choisissent leur volume de production en fonction de leur disponibilité. 4 niveaux sont proposés : de 5 à 50 masques par jour. La collecte des masques est hebdomadaire. Nous assurons l’accompagnement des couturières, le contrôle qualité et la logistique. Nos couturières sont rémunérées à hauteur de 50% du prix du masque, vendu 6€ HT l’unité. C'est une question de dignité et de logique d'économie circulaire.

Quel est le rôle des collectivités territoriales ?

Leur rôle est déterminant. Après avoir identifié leurs besoins prioritaires, elles ont passé une commande de 172 000 masques à l'Usine invisible. Les collectivités sont des partenaires privilégiés à la bonne marche de notre projet. On a bénéficié de leur soutien logistique, humain et de leurs compétences en gestion.

Quel a été le rôle plus spécifique de Golfe du Morbihan - Vannes agglomération ?

Sans eux, le projet n’aurait pas pu se faire. La direction Économie, Emploi, Formation de Golfe du Morbihan - Vannes agglomération a été formidable : nous avons trouvé les bons interlocuteurs au bon moment, pour nous accompagner pas à pas dans la construction d’un projet industriel inclassable ! Golfe du Morbihan - Vannes agglomération a été formidable a apporté un soutien infaillible, le projet a été pensé avec les élus et les services, ils nous ont aidé à chaque difficulté technique, organisationnelle, financière… Ils ont tout de suite compris la portée de notre Usine invisible, sa notion de résilience : celle d’un territoire qui invente sa propre réponse à la crise en incluant les habitants. Un projet économique local pour un cycle vertueux.

Aujourd’hui, alors que vous livrez les derniers masques, quel regard portez-vous sur cette expérience et quelles sont les suites envisagées pour l’Usine invisible ?

Ce projet a mobilisé une foule d'intervenants issus de différents milieux en un temps record : 2 mois et demi ! Cette expérience intense a mis en lumière l'intelligence collective du territoire. Ce contexte de crise sanitaire hors normes nous a amenées à nous réinventer et à sortir de nos zones de confort. La solidarité, l'entraide et le partage de compétences ont souligné l'envie et le besoin de faire perdurer ce réseau de couturièr.es. S'il n'y avait qu'une leçon à retenir de cette incroyable aventure se serait l'union fait la force !

Chiffres clés :

À la date du 18 juin, les 238 couturières de l’Usine invisible ont cousu depuis le 1er Mai :

  • 19,6 km² de tissu > de quoi recouvrir Houat, Groix, Sein et Molène
  • 207 km de liens > de quoi aller de Locmariaquer au Conquet