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Rencontre avec Adrien Haller, dirigeant de l’entreprise Energy &+
Pouvez-vous vous présenter et nous raconter la genèse de votre entreprise ?
Je suis Adrien Haller, j’ai 40 ans. À la suite d’un CAP chauffage et d’un passage chez Les Compagnons du Devoir, j’ai créé la société en 2006, à l’âge de 22 ans. Historiquement, l’entreprise s’appelait AHCS (Adrien Haller Chauffage Sanitaire). J’ai débuté tout seul, puis l’activité a grandi et j’ai recruté de nouveaux profils pour travailler à notre diversification d’activité. Aujourd’hui, l’entreprise s’appelle Energy &+, elle a été également rejointe par d’autres entités comme W&nergy, jusqu’à se constituer en filiale de Charwood Energy Group avant son introduction en bourse en 2022.
Nous avons toujours travaillé autour de la biomasse en combustion et sur la voie de la valorisation de matières pour produire de l’énergie. Dès le début, nous installions des chaufferies bois, puis nous nous sommes intéressés à la méthanisation en 2010, c’était novateur. Ensuite, nous nous sommes penchés sur la pyrolyse et la transformation de la matière organique, là aussi l’intérêt général sur le sujet n’en était qu’aux balbutiements. La mode est en train de nous rattraper, mais ça fait deux décennies que nous travaillons dessus.
L’énergie est quelque chose de nécessaire. Je dis toujours que le pétrole est une énergie renouvelable, on n’a juste pas le temps d’attendre qu’elle se renouvelle, alors que la biomasse se renouvelle à l’échelle du temps humain.
Vous travaillez sur toute la France, travaillez-vous aussi localement ?
Travailler localement signifie pour nous avoir des chantiers à 2 à 3 h de route de l’entreprise située à Saint-Nolff. Mais par exemple, nous exploitons une chaufferie bois chez nos voisins, l’entreprise Ecodis. Cette chaufferie bois est alimentée par la biomasse d’une exploitation agricole de Trédion, juste à côté. On peut difficilement travailler en circuit plus court.
Pour rappel, la biomasse est l’intégralité des matières carbonées issues de la photosynthèse. L’objectif est de tirer l’énergie de cette matière au lieu de la jeter. La biomasse est forcément locale. Beaucoup d’agriculteurs font ainsi appel à nous pour remplacer le propane. Nous sommes présents au niveau de la France et à l’international. Nous avons réalisé un projet au Congo. Il y a un gros potentiel sur le secteur de l’Afrique car nos technologies se substituent au le diesel pour la production électrique. Globalement, 25% de notre activité est réalisée en Bretagne et le reste en France et à l’international.
Sinon, mettez-vous en place des dispositifs en développement durable ?
Historiquement oui, nous préfabriquons beaucoup dans notre atelier. Nous sommes en capacité de concevoir de gros modules en série, des installations de chaufferie bois pour les mairies, par exemple ou les écoles. La préfabrication à Saint-Nolff permet de minimiser les transports. Tous les ans on réalise notre bilan carbone également pour identifier où se situe notre consommation. Nos bureaux sont chauffés aux granulés et grâce à l’énergie solaire. On récupère l’eau de pluie et, pour ma part, je roule en voiture hybride.
Avez-vous des projets ?
Nous allons travailler sur la production d’hydrogène car il y a de la demande et avec la biomasse, c’est possible de créer de l’énergie hydrogène. Aussi, ça nous plairait de réaliser des projets très locaux. Par exemple, créer un réseau de chaleur en biomasse sur des secteurs couverts au fossile comme Vannes-Nord, cela serait pertinent. Sur un projet de chaufferie conteneurisée, par exemple, on pourrait apporter énormément de choses. Ce sont des thématiques dans lesquelles nous aimerions nous investir et être davantage identifié.
Nous avons également été introduit en bourse en juillet 2022, cela nous permet de gagner en visibilité, de communiquer plus largement et d’être légitime à l’international. Cette introduction nous oblige aussi à nous structurer et à améliorer nos process, notamment dans la recherche et le développement. Enfin, cela facilite le recrutement. Aujourd’hui, la filiale comprend une quarantaine de salariés, mais nous recrutons régulièrement !
Voulez-vous ajouter quelque chose ?
Juste dire que je suis hyper heureux d’être sur ce territoire. J’ai grandi en Alsace, mais je suis Breton d’adoption par ma femme, mes enfants, mon entreprise, mes collègues. C’est un territoire accueillant et c’est une chance de vivre ici. Oui, il y a des problèmes pour se loger, ça coûte cher, mais on n’a rien sans rien. Je suis très heureux d’être dans le secteur.