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Rencontre avec Gurvan Bourvellec, dirigeant de la ferme de Suscinio
Pouvez-vous vous présenter et raconter l’histoire de votre ferme ?
Natif de Baden, comme tout Breton qui se respecte, j’ai quitté ma région et je suis parti pendant 7/8 ans à Paris. Au bout d’un moment j’avais fait le tour de la vie parisienne. Je suis donc revenu à ce qui me plaisait, c’est-à-dire l’agriculture. J’ai créé en 1999 mon exploitation avec l’envie de faire du lait de vache bretonne. On a donc constitué le troupeau en achetant d’abord deux vaches bretonnes pie noir, puis 6, puis 10… Nous n’avons pas repris une ferme existante, il a donc fallu inventer toute l’organisation. Et de fil en aiguille, la transformation fromagère est apparue comme une nécessité locale. Les touristes ne se nourrissaient que des produits du supermarché du coin, on a donc souhaité proposer des produits locaux.
En 2008, afin de répondre à la demande de la saison estivale, j’ai commencé à proposer à ma voisine d’acheter son lait de vache normande. Avec sa production et la mienne, j’élaboraisdes produits laitiers de qualité pour les vacanciers. À partir de là est né un collectif de 4 agriculteurs. Vous ne pouvez pas acheter des vaches juste pour la moitié de l’année, l’objectif de ce système est donc de répondre à la demande des personnes qui arrivent en masse sur la Presqu’Île à partir d’avril, tout en gardant un fonds de roulement pour la population locale.
Quelques chiffres sur la taille de votre exploitation, le nombre de vaches, votre production ?
La ferme se déploie sur 50 hectares avec 25 à 30 vaches laitières. À la production de fromage s’est greffée par nécessité une petite production de viande de porc. Là aussi, nous avons choisi un porc local, le porc blanc de l’Ouest. Comme cela, le lactosérum, qui est un déchet de la fromagerie, sert de nourriture aux cochons. On fait donc de la viande de porc au détail, mais aussi de la viande de vache. Tout cela est vendu à la boutique.
En 2018, avec toujours l’envie de partager et de créer de la convivialité, nous avons ouvert une table à la ferme pour que les visiteurs puissent déguster nos produits. À peu près en même temps que la dégustation, nous avons développé des balades en calèche avec des chevaux de Trait. Pour finir, il est également possible de visiter l’exploitation. C’est ce qu’on appelle de l’agro-tourisme.
Travaillez-vous avec les entreprises locales ?
On travaille avec des entreprises agricoles du coin : les machinistes du froid, les mécaniciens, chaudronniers, etc. Via la boutique, on revend beaucoup de produits locaux : le pain de la Grange Paysanne, à Noyalo, le miel de la Fontaine Airmeth de Ploërdut, les Volailles Sinagotes de Séné… Il y a beaucoup de chose, on redistribue énormément de notre activité économique.
Êtes-vous sensible au développement durable ?
J’aime plutôt parler de cohérence dans la production. Nous ne faisons que du bio, nous travaillons qu’avec de l’herbe, nous n’utilisons pas de produits chimiques. Notre existence à Sarzeau est déjà un engagement en soi, permettre aux habitants de ne pas aller au supermarché pour se nourrir est une initiative. Rien n’est artificiel. Notre souci est de nourrir les habitants le mieux possible, en le faisant le mieux possible. Depuis le départ, ce sont les mêmes sentiments qui nous traversent et toujours la même envie : proposer des produits de qualité.